Dossier
Cryopréservation de sperme chez les adolescents atteints de cancer — Partie I : Étude des pratiques médicales pédiatriques
Sperm-Banking in Teenagers with Cancer — Part I: Inventory of Pediatric Medical Practices
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Centre d’oncologie SIREDO (Soins, Innovation, Recherche autour des tumeurs de l’Enfant, l’Adolescent et le Jeune Adulte), Institut Curie, 26, rue d’Ulm, F-75005 Paris, France
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Département de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent, Institut Gustave-Roussy, 114, rue Édouard-Vaillant, F-94805 Villejuif Cedex, France
* e-mail : etienne.seigneur@curie.fr
Reçu :
11
Juillet
2017
Accepté :
9
Septembre
2017
Aujourd’hui en France, près d’une personne sur 850 âgée de 20 à 45 ans a été soignée pour un cancer pendant l’enfance ou l’adolescence. Les perspectives actuelles doivent donc s’orienter vers la réduction des séquelles et des effets secondaires à long terme. L’hypofertilité ou la stérilité en font partie. Cette préoccupation a inspiré et motivé cette recherche. Elle concerne d’une part les pratiques médicales pédiatriques pour transmettre l’information au sujet des risques pour la fertilité et proposer une cryopréservation de sperme pour les adolescents pubères, et d’autre part, l’expérience subjective d’anciens patients concernant cette information et cette proposition.
Objectifs : État des lieux des pratiques médicales confrontées à l’expérience des patients afin de dégager des recommandations et de développer un livret d’information pour les adolescents.
Méthodes : Un questionnaire anonyme, portant les indications de sexe et d’âge, a été adressé aux 79 pédiatres seniors exerçant au sein des services d’oncohématologie pédiatrique. Cinquante-six observations de 27 centres ont pu être exploitées au niveau statistique, soit 70,9% de taux de participation individuelle et 84,4% de taux de participation des centres.
Résultats : Quatre-vingt-seize pour cent des praticiens interrogés proposent une cryoconservation de sperme dans plus de 50% des cas aux patients atteints par la maladie de Hodgkin. En revanche, près de 62% la proposent « jamais–rarement » ou « parfois » aux patients atteints de tumeurs du système nerveux central (SNC). Seuls 29% feront cette proposition « très souvent–toujours » à ces patients. La grande majorité des pédiatres informe les parents en priorité et leur demande leur avis avant d’évoquer la question avec l’adolescent, alors que 85% de ces médecins jugent que c’est à l’adolescent de prendre une décision. Peu de ressources semblent mobilisables pour les médecins en difficulté. En effet, seulement 24,1% d’entre eux travaillent en collaboration avec une personne formée à la question de la préservation de la fertilité, et ce sont en grande majorité des pédiatres de sexe féminin. 85,2% n’ont aucun document à remettre à l’adolescent en soutien à la consultation. Près de 60% des médecins pensent qu’une consultation avec un psychologue ou un pédopsychiatre devrait être proposée de façon systématique.
Conclusion : Les enjeux se situent donc dans la formation continue des médecins-pédiatres ainsi que dans le travail pluridisciplinaire et transdisciplinaire pour optimiser les pratiques.
Abstract
Currently in France, nearly one in 850 people aged between 20 and 45 has been treated for cancer during their childhood or adolescence. Therefore, current developments should aim to reduce long-term consequences and adverse effects. Low fertility and infertility are examples of these. It is this concern that initiated this research. One part of the study involves the paediatric medical practices for passing on information to the patient regarding the risk to fertility and the offer of cryopreservation of sperm for pubescent adolescents, while the other part concerns the subjective experiences of former patients concerning this information and proposal.
Objectives: To gain an overview of medical practices as they compare to patient experiences, in order to formulate recommendations and develop an information booklet for adolescents.
Methods: An anonymous questionnaire based on indications of sex and age was sent to 79 senior paediatricians working in paediatric haemato-oncology departments. Fifty-six (56) observations from 27 centres could be used for statistical purposes, which represents a 70.9% participation rate by individuals and an 84.4% participation rate by centres.
Results: Of the practitioners questioned, 96% offer cryopreservation of sperm in more than 50% of cases to patients with Hodgkin’s disease. However, nearly 62% “never to rarely” or “sometimes” offer it to patients with CNS tumours. Only 29% make this offer “very often to always” to these patients. The vast majority of paediatricians inform the parents as a priority and request their opinion before raising the subject with the adolescent, while 85% of these doctors judge that it is up to the adolescent to make the decision. Few resources appear to be available for doctors with issues or concerns. Only 24.1% work alongside an individual trained in the field of fertility preservation, and the vast majority of these are female paediatricians. 85.2% have no documentation designed to supplement the consultation to give the adolescent. Nearly 60% of doctors believe a consultation with a psychologist or a child psychiatrist should be offered systematically.
Conclusion: Therefore, challenges arise in the areas of continuous training for paediatric doctors, and in multidisciplinary and cross-disciplinary work, in order to optimise practices.
Mots clés : Cryopréservation de sperme / Oncologie pédiatrique / Pratiques médicales / Adolescents / Psychologie
Key words: Sperm banking / Pediatric oncology / Medical practices / Teenagers / Psychology
© Lavoisier SAS 2017